Amphoreus - ἀμφορεύ

Juin 2022

Sylvie Auvray, Michele Ciacciofera, Eric Croes, Cyril Debon, Simone Fattal, Grant Levy-Lucero, Lucile Littot, Matthew Lutz-Kinoy, Mai-thu Perret, Natsuko Uchino

La céramique porte en elle les ponts entre art et agriculture. L’une des plus anciennes formes artistiques de l’humanité, l’amphore en céramique incarne le dialogue fondamental et nécessaire de 91530 Le Marais,lieu de recherche transdisciplinaire agro-artistique. 

Du grec keramikos, il désigne intimement l’argile avec laquelle sont façonnées ses créations. Avec ses carrières, la terre du Marais est composée d’une argile minérale très riche, associée à des éléments sableux, provenant de la décomposition des roches. 

91530 Le Marais invite dix céramistes pour imaginer une série de grands récipients uniques. Variant dans leurs formes, ces amphores interagissent ou non avec leur contenu, un liquide pressé à froid issu des graines du chanvre semé sur les terres agricoles environnantes, parfumé par le nez Yann Vasnier, inspiré par la cohabitation du chanvre et du bambou sur nos terres. Exposées dans les granges historiques du Marais, elles prennent place là où l’on stockait autrefois le blé pour la communauté, témoins, à leur tour, de la naissance et de la disparition d’une société agraire.

De la poterie antique à aujourd’hui, les pratiques céramiques ont longtemps uni art et utilité agricole, étant à la fois récipients et supports de la mythologie de la civilisation qui les crée.

L’amphore, d’objet du quotidien humain au témoin de l’histoire de l’art à travers les âges, incarne cette réflexion sur le contenant comme objet-oeuvre. Dès le IVème millénaire avant J.C., l’amphore greco-romaine en terre cuite fut le premier contenant des deux produits issus de l’agriculture à la base de la société : l’huile et le vin. L’amphore renfermant aujourd’hui le liquide de chanvre se fait variation de cet objet millénaire, étude de sa forme et fonction d’aujourd’hui.

La terre du Marais, caractérisée par sa minéralité argileuse, porte en elle cette mémoire géographique. Ses strates et couches témoignent du temps passé. Ainsi, ces céramiques ouvriront la voie vers une célébration du terroir, de ce qu’il offre à tous les êtres qu’il rend créateurs à leur tour à son toucher. Sa matière première invite à un travail manuel: “quand on touche à la terre, on touche à la nuit des temps”.

Amphoreus II at Asia Now, Monnaie de Paris 

Lei Saito, Sylvie Auvray, Michele Ciacciofera, Simone Fattal, Grant Levy-Lucero, Matthew Lutz-Kinoy, Mai-Thu Perret, Natsuko Uchino 

Octobre 2022

Amphoreus a été rééditée une seconde fois dans le cadre de la foire d’art contemporain Asia Now 2022. Cela fut l’occasion de renouveler le dialogue entre les œuvres et leur environnement : les céramiques ont en effet pris place au sein du péristyle de l’architecture néoclassique de la Monnaie de Paris, un élément architectural utilisé dans les temples divins des Grecs, qui fut repris par les Romains et adapté à des bâtiments officiels, voire à des architectures privées. Ce brouillage des frontières entre le sacré et le profane a offert une perspective avec l’objet-oeuvre qu’est l’amphore : à la fois support d’une iconographie du sacré, elle revêt également une dimension d’usage beaucoup plus triviale.