
Désiré Moheb-Zandi & Marion Flament
Dialogue entre Désiré Moheb-Zandi & Marion Flament
Foire Asian Now, Monnaie de Paris, 2025
Au cœur de la Monnaie de Paris, deux installations s’articulent dans un dispositif commun, formant un paysage immersif où se croisent géologie, textile et mémoire économique. Cette œuvre à deux voix réunit la plasticienne Marion Flament et l’artiste textile Désiré Moheb-Zandi autour d’une réflexion partagée sur les cycles de transformation – de la terre à la fibre, du troc à la monnaie, de l’objet à la trace.
En partie haute du dispositif, l’œuvre de Désiré Moheb-Zandi se déploie sous forme de tissage mural, composé de chanvre cultivé en agriculture régénérative dans le Marais (91.530 Le Marais), de laines filées artisanalement en Anatolie, de fibres naturelles teintées aux végétaux et de fils recyclés de la filature italienne Vimar 1991. Cette pièce s’inspire du lexique symbolique des kilims turcs, et inscrit les savoir-faire textiles dans une dynamique contemporaine de collaboration transnationale et de conscience écologique. Son approche plastique – entre peinture, sculpture et tapisserie – donne à voir une matière sensible, stratifiée, où la fibre devient vecteur de mémoire et de transmission culturelle.
À ses pieds, Marion Flament installe une composition minérale faite de terre crue et de pierres rouges, issues du même sol ayant servi à la culture du chanvre. Ce sol reconstitué prend la forme d’un amas ou d’un tumulus, au sein duquel sont dissimulées des pièces métalliques – certaines brutes, d’autres émaillées. Ce geste propose une forme de chasse au trésor contemporaine, interrogeant les fondements symboliques de la valeur : le troc, la matérialité des monnaies, la circulation de l’argent sur la Route de la soie. L’installation fonctionne comme une archéologie fictionnelle, dans laquelle la terre devient archive, révélant au visiteur ses fragments d’histoire.
Ce diptyque spatial engage un dialogue formel et conceptuel :
• Le textile suspendu constitue une stratigraphie verticale des savoirs – savoir-faire, gestes, récits – transmis de génération en génération.
• L’installation au sol incarne une mémoire horizontale, ancrée dans la matière du monde, dans la lente sédimentation des valeurs humaines et économiques.
Entre la trame et la croûte terrestre, les deux artistes proposent une lecture élargie de la monnaie – non plus uniquement économique, mais écosystémique, anthropologique et symbolique. Elles nous rappellent que toute valeur prend racine, un jour ou l’autre, dans la terre.
Desire Moheb Zandi
Earth Remembers, 2025
190 x 170 x 17 cm
Jute, hemp ( naturally dyed, france ), cotton, will ( botanically dyed, turkey ), threads ( up-cycled Italy ), rope, cord, and mounted on canvas
Marion Flament
Matter of Exchange, 2025
3 x 2 m
Raw, fired and glazed earth from 91530 Le Marais



